Copiedouble

PEUT-ON REMPLACER L’ECRITURE MANUSCRITE PAR LE STYLET OU LA TABLETTE ?

            La scolarisation et le travail à domicile généralisés en période de pandémie ont accentué le rôle des claviers et des écrans. Désormais, ceux qui tiennent à l’écriture manuscrite passent pour des ringards et des inadaptés. Alors, pourquoi ne pas abandonner l’écriture à la main au profit du clavier ?

 

Cependant, les recherches en psychologie cognitive et en neurosciences démontrent que l’écriture manuelle facilite les apprentissages. En effet, le geste qui consiste à tracer devient un indice de reconnaissance, tout comme la forme, le son ou le nom de la lettre. C’est une aide précieuse pour l’enfant en situation de lecture. On appelle cela un « outil cognitif ». Il n’existe pas sur un clavier, où l’on fait un seul et même geste quelle que soit la lettre.

           Le couple stylet-tablette n’est toutefois pas à proscrire. Il permet de conserver le geste de l’écriture tout en restant dans un environnement numérique. Mais les inconvénients existent : la surface très lisse de la tablette et la faible friction que cela entraîne perturbe la qualité du tracé et le pilotage du geste (vous avez déjà signé l’arrière de votre carte bancaire ?). On peut éventuellement améliorer ce problème en plaçant un film plastique moins lisse sur l’écran. Certaines applications comme PaperLike pour Ipad permettent de reproduire la sensation de l’écriture à la main.  Mais l’écriture manuelle reste indispensable pour faciliter l’apprentissage de la lecture, vous vous en doutez déjà. Et attention : plus tard dans la scolarité, au début du collège, on a démontré que les performances des élèves en rédaction de textes étaient fortement impactées s’ils n’écrivaient pas à la main* : devant l’écran, ils sont placés en « surcharge cognitive », c’est-à-dire que le cerveau doit gérer une tâche supplémentaire (la saisie), ce qui lèse les autres tâches de réflexion et de mise en forme.                                     

 

Soyez vigilants, ne laissez pas vos enfants abandonner l’écriture manuelle et encouragez-la. Vous favoriserez leur scolarité et leur imagination et vous ne saboterez en rien leur avenir de geek, rassurez-vous !

*Denis Alamargot et Marie-France Morin

ECRIRE A LA MAIN, C’EST AFFIRMER NOTRE EXISTENCE ET NOTRE PERSONNALITE **

-D’abord d’un point de vue légal. La signature électronique n’est pas toujours valable, il faut parfois imprimer les documents et les signer à la main.

-Notre écriture nous révèle : bien sûr par l’analyse graphologique, mais tout simplement par le soin (ou non) apporté, par le désir de produire quelque chose de beau (ou non), ou de lisible (ou non).

-Elle nous range parmi les droitiers et les gauchers, ce qui est loin d’être anodin en termes cognitifs et culturels ainsi qu’ en termes de discrimination (le matériel et le mobilier scolaire par exemple).

-On affirme aussi son existence à travers les graffitis, écho des dessins de mains tracés dans les grottes de la préhistoire. De nombreux lieux et objets portent des traces écrites dans le passé, sentimentales ou insultantes : les troncs d’arbres, les toilettes, les murs des cellules et même de façon éphémère les vitres embuées et la poussière des camions.

ECRIRE A LA MAIN C’EST JOINDRE LE GESTE A LA PENSEE

            L’effacement ne laisse aucune trace sur un texte dactylographié. Sur le papier, les ratures, les traces de gomme ou de correcteur témoignent des hésitations, mais surtout du cheminement de la pensée. L’effort de devoir recommencer nous oblige à réfléchir avant d’écrire, alors que sur le traitement de texte, on s’autorise une pensée plus volatile, plus brouillonne, en bref balayable. C’est une différence cruciale.

Dans un texte, annoter ou surligner est nettement plus facile avec un crayon ou un surligneur. Sur l’écran, c’est possible mais le nombre de clics nécessaire fait perdre le fil de la pensée.

Les scientifiques ne cessent de nous rappeler le lien entre les éléments de notre corps et nos capacités cognitives. Pensez simplement à notre système de numération*** : qui n’a jamais compté sur ses doigts ? On pourrait dire « je l’ai au bout des doigts » comme on dit « au bout de la langue ».

De la même façon les scientifiques se sont interrogé sur les deux modes de lecture, écran ou papier. Mais ceci est une autre histoire… 

**D’après les travaux de Mar Pérezts

*** Le savez-vous ? Dans l’histoire et selon les régions du monde, on comptait grâce aux 5 doigts d’une main (base 5), aux 10 doigts (base décimale) aux doigts des mains et des pieds (base 20). Les Celtes comptaient en base 12, les 3 phalanges des 4 doigts étant désignés avec le pouce !