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L’INCLUSION SCOLAIRE EN QUESTION

L’école inclusive a plusieurs objectifs focalisés sur la réussite de l’enfant et son épanouissement : maximiser le potentiel de chacun, assurer sa réussite scolaire et créer pour lui un environnement bienveillant et serein. Ce combat contre la discrimination est un élément important, une véritable philosophie.

         L’idée est déjà ancienne : en 82 et 83 est mise en œuvre une politique d’intégration, à laquelle la loi d’orientation de 2005 donne un nouvel élan. On crée les MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) qui rédigent des PPS (Projets Personnalisés de Scolarité) pour que l’enfant soit scolarisé dans les meilleures conditions : l’inclusion se caractérise par des aménagements, un accompagnement et souvent un renforcement scolaire spécifique. Ce dispositif peut se transformer selon les besoins et perdurer toute la scolarité.

Au cœur du projet, la présence des AESH (anciennement AVS, Accompagnants d’Elèves en Situation de Handicap). La nécessité ou non de leur présence est précisée dans le PPS de l’enfant. Contractuels de l’Etat, ils aident l’élève lorsque cela est nécessaire dans les actes de sa vie quotidienne et ses activités scolaires. A la rentrée 2021, on comptait 125 000 AESH pour 400 000 enfants inclus. 

Voici quelques exemples d’autres moyens qui ont été mis en place pour une école inclusive :

  • aménagements pour les élèves dyslexiques : possibilité de faire intervenir des professionnels de la santé au sein de l’école* 
  • accompagnement des élèves à mobilité réduite
  • mise en place de supports de travail structurés et visuels
  • mise en place d’évaluations qui prennent en compte les spécificités de chaque élève
*A noter qu’un système plus souple qui avait démontré son efficacité, les RASED, réseau d’enseignants spécialisés hautement qualifiés et de psychologues scolaires intervenant directement dans les écoles, se voient condamné à la disparition par le ministère de l’Education Nationale.
 

Si l’école inclusive permet dans de nombreux cas d’assurer une scolarité de qualité, ce dispositif a malgré tout des limites, pointées dans un certain nombre de journaux : Le bilan positif sur les progrès des élèves annoncé à grand bruit par le ministère est sujet à caution. En effet, le manque de moyens et la volonté de dresser un portrait idéal de la situation n’a à ce jour permis aucune évaluation objective. Force est de constater que l’inclusion est aussi une aubaine économique : un enfant scolarisé en primaire coûte 6500 euros par an et par élève, un enfant en établissement spécialisé jusqu’à 11 fois plus !

Sortir les enfants des institutions médico-sociales et hospitalières pour les scolariser dans leur école de quartier doit être une décision mûrement réfléchie. Les familles, naturellement désireuses de voir leur enfant évoluer en milieu « ordinaire » doivent être soutenues et bien informées sur tous les aspects de cette décision. Les enfants malentendants pratiquant la langue des signes se retrouvent par exemple privés de leur communication naturelle…

Les professionnels de l’éducation s’épuisent : aucune réduction d’effectifs n’a eu lieu dans les classes accueillant parfois 26 élèves et 2 ou 3 enfants de handicaps différents, dont certains peuvent perturber le fonctionnement de la classe. Les professeurs ont la possibilité de se former, la plupart du temps en « consulting » et « e-learning ». Mais comment savoir répondre en quelques heures de formation à des situations lourdes, compliquées et très différentes selon le handicap ? Et donner à chacun l’attention nécessaire ?        

 Les chiffres parlent d’eux-mêmes (125 000 AESH pour 400 000 élèves inclus) : certains enfants        n’ont pas d’accompagnement et les personnes en poste, sous-payées malgré leur dévouement, ont le  plus grand mal à faire un travail cohérent.

Malgré ces bémols, nombreuses sont les inclusions heureuses et bénéfiques, aussi bien pour les enfants handicapés que pour leurs camarades. Elles encouragent une culture du respect et de l’appartenance et pourraient permettre à chacun d’exploiter au mieux ses capacités… si les moyens en sont donnés.